Éditions Douro "Par la lecture, on s'absente de soi-même et de sa propre vie." Alphonse Karr
Éditions Douro "Par la lecture, on s'absente de soi-même et de sa propre vie." Alphonse Karr
Le récit raconte comment quelques souvenirs ont modifié le déroulement d’une session de pratique de méditation bouddhiste effectuée au sein d’un groupe dans un temple.
Je suis allé me placer le long du cercueil posé sur des tréteaux devant moi. De l’autre côté, vus de face, à trois mètres de là, la famille et quelques amis étaient présents. Il y avait aussi cette étendue des autres tombes tout autour. J’aurais préféré qu’il n’y en ait aucune, que l’on soit les premiers. Et puis voilà, c’est notre tour d’être ici, nous n’y pensons jamais, ou furtivement, et l’on finit par y être. J’ai perdu pied, je me suis retrouvé noyé dans un fatras d’émotions, j’ai bien senti que je n’allais pas pouvoir aligner trois mots. J’ai regardé vers le sol, je me suis dit : je ne suis pas habitué, c’est la première fois qu’elle meurt. J’ai posé une main sur le cercueil, puis aussitôt j’ai regardé les visages devant moi, espérant y trouver un appui. La veille, je m’étais entraîné à affronter cet instant, je m’étais imaginé parler avec aisance et fluidité en prononçant des mots simples et forts.